Affichage des articles dont le libellé est Egypte. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Egypte. Afficher tous les articles

mercredi 7 avril 2010

Alexandrie : la rue sociale s'efface devant l'avenue anonyme

© Photo de l'auteur du blog.
Alexandrie. Egypte. 2007.

Quartier arabe d'Alexandrie. Hier florissant. Aujourd'hui dépassé.

Les maisons typiques du XVIIIe siècle cèdent la place à des immeubles informes, immenses, jamais terminés, instables, sorte de lexique chaotique des cités émergentes.

Une ville efface l'autre, comme si son passé était trop lourd et indigeste.
L'homme s'y lasse des ruelles, aspire à plus d'espace, à l'empilement impersonnel des surfaces. La rue sociale s'efface devant l'avenue anonyme. Le citoyen s'y transforme presque en zombie urbain.

Un instant reste le témoignage d'un mur, d'une palette vive de bleu, vert et jaune. Cela respire encore la gaité d'un intérieur douillé, d'une famille choyée, d'un bâtiment accessible.
Pierre après pierre, les hommes s'affèrent à réduire et détruire. Plus haut sur un balcon, un autre admire le spectacle.
Deux visions du monde s'affrontent. L'une aux prises avec les réalités, dans la transformation. L'autre déjà distante, indifférente à ce qui touche si bas.

Le ventre des villes avale et digère tout. La modernité y vampirise ici le moindre espace.

c

mardi 7 avril 2009

Les brumes des cafés cairotes

© Photo de l'auteur du blog.
Café Fishawy - Le Caire -
قهوة الفيشاوى

Les murmures indistincts de la mégapole de 20 millions d'habitants s'arrêtent aux portes du Café Fishawy. La ruelle apparaît sombre et étroite. Il n'y a pas de frontière. Personne ne semble tout à fait dedans ou dehors. Les chaises occupent tout l'espace.

D'un mur à l'autre, les jeux de miroirs suscitent des indiscrétions, des regards volés, quelques salutations. Ils réveillent la curiosité, occupent un moment, et invitent à une certaine gourmandise intellectuelle.

Les cadres baroques, grignotés par le temps, peints et repeints, se souviennent des éclats des discussions d'antan et d'un certain savoir-vivre cairote.
Aujourd'hui les débats politiques et littéraires s'évanouissent tendrement dans les brumes d'argent ternie des glaces et les volutes des chichas.

mardi 20 mai 2008

Toucher le phare d'Alexandrie

© 2007. Photo Bertrand.

Lumière du soir sur le fort de Qaitbay en bout de corniche à Alexandrie. Les pierres dorées en calcaire se marient avec un granit friable. Il a traversé le temps. Certains angles sont ourlés de fines ciselures. D'une pièce le linteau pèse plusieurs tonnes. L'ensemble forme l'ouverture d'une petite porte, côté terre, du défunt phare d'Alexandrie.

Le militaire de garde quitte l'endroit un instant. Je m'arrête, passe la main sur la surface de la pierre. Le granit garde encore la chaleur de la journée passée. Il semble vivant, comme le dernier témoin encore visible de cette merveille du monde antique. Il vibre en souvenir de toutes ces générations ayant traversé cette entrée : Ptolémés, Phéniciens, Carthaginois, Romains, Arabes... et aujourd'hui de cohortes de touristes relativement indifférentes.

mardi 29 avril 2008

Renaissance du phare d'Alexandrie : de l'anastylose à la création 2/2

Plan de l'anastylose du phare, synthétisant graphiquement les travaux des équipes du CEAlex © , Y. Vigouroux
Plan du musée du phare imaginée par Y. Vigouroux. © CEAlex.

Ce projet pourrait bien voir le jour. Il s'agira d'une première. La ré-invention d'une des sept merveilles du monde. Le phare d'Alexandrie.
Le CEAlex dirigé par Jean-Yves Empereur est sur les rangs. Ses équipes en charge des fouilles sous-marines de la corniche de la ville, ont déjà remonté des flots quelques statues monumentales des Ptolémés.

Au cours des plongés successives ils ont également identifié sous l'eau d'immenses blocs de granit qui faisaient près de 12 mètres de haut. Il ne s'agit pas du fût de colonnes antiques, ni d'un banc pour d'autres géants, mais bien des immenses montants et du linteau de la porte du mythique phare.

Prenons de la hauteur. Laissons parler l'imagination. Nous voici guidé par un plan du projet évoqué dans un précédent billet.
On distingue bien la grandiose porte du phare, face à la mer, dans l'alignement d'une terrasse rituelle. Le phare était temple. Le temple était phare. L'emplacement face à l'immensité invitait à la spiritualité. Les bateaux pouvaient y accoster à l'occasion de cérémonies.

Sous le seuil de la porte figure le sous-bassement symbolique du phare antique. Lumineux, ouvert sur la corniche, il offrira un espace dédié à un musée accueillant les pièces fragiles du monument, tellement érodées par le temps.

Plan de l'anastylose du phare, synthétisant graphiquement les travaux des équipes du CEAlex © , Y. Vigouroux


La nuit, un éclairage laser donnera du volume à l'édifice. Il suggérera la forme et la hauteur de l'édifice antique. De l'anastylose de la porte, composée des éléments d'origine, le phare se ré-inventera et prendra vie dans une déclinaison symbolique de lumière.

Il reste aujourd'hui à conjuguer les bonnes volontés et autorisations égyptiennes nécessaires...
La créativité des tailleurs de pierre, chefs de projet, architectes est là... Nous comptons sur eux et les mécènes, pour offrir ce monument à la ville d'Alexandrie. A suivre...

technorati tags:

Ré-inventer le phare d'Alexandrie : de l'anastylose à la création 1/2

Aujourd'hui un projet unique, enthousiasmant, fragile, s'apprête à voir le jour : l'invention du phare d'Alexandrie.
Inventer ? Ce mot pourrait surprendre. Re-créer, relancer, élever... pourrait être comme une hérésie sur le plan archéologique. Comment pourrait-on édifier à nouveau ce qui fut ?
Et pourtant cela reste possible avec une grande rigueur scientifique, en procédant à ce que le métier appelle une anastylose.
Il s'agit de la reconstruction à partir des éléments originaux du phare. Ceux-ci seront repositionnés à l'endroit initial où les blocs étaient situés dans le bâtiment lui-même.

Le phare a disparu au Moyen Age, absorbé par les flots. Il n'en reste plus rien de visible aujourd'hui.
Certains envisagent qu'une partie du fort de Quaitbay serait la base de cette défunte merveille du monde.
D'autres pensent que l'imaginaire reste le seul référentiel acceptable pour l'éternité. Un rêve, une mémoire enfouie, généreuse, exagérée, juste poétique.

Et pourtant le phare est bien là. Enfin une partie. Sous nos pieds. Sous les vagues tumultueuses de la rade d'Alexandrie. Les archéologues plongeurs de l'équipe de Jean-Yves Empereur trouvèrent différents blocs de granit. Après analyses, recoupements, débats... il devenait clair que ces pierres étaient les restes de la grande porte du phare.

Et pourtant tous ces éléments furent disséminées sous l'eau après un tremblement de terre. Aujourd'hui ils servent en partie de sous-bassement au fort du Moyen-Age. Sous terre ou sous mer le phare n'est plus. De toute façon il ne serait donc pas envisageable de le remonter dans son entier.

Cependant, sortir les pierres de l'eau. Elever à nouveau ce qui fut l'entrée rituelle du monument, juste cette porte, son linteau, semblerait possible.
Imaginez-vous demain passer sous cette ouverture de 12 mètres de haut...

Il s'agit d'un projet gigantesque, aux confins de l'archéologie, de la politique, du mythe entretenu d'une des dernières merveilles du monde...

On voyait il y a peu les plans d'anastylose réalisés par Y. Vigouroux à partir des données et travaux de l'ensemble des équipes du CEAlex, ainsi que son projet de Musée du Phare. Ils font tout simplement rêver un simple amateur.

L'idée est belle, fragile, enthousiasmante pour cette ville un peu oubliée et pourtant si attachante. A suivre...

lundi 7 avril 2008

Cheops rongée par la mégalopole cairote


© Photo de l'auteur du blog.
Pyramide de Cheops. Putréfaction de la pierre.

Avec les pyramides, l'homme a voulu conjurer son destin et s'élever vers le ciel pour l'éternité. Cependant la pierre s'encroute, se craquelle et s'effrite, pulvérisée par les siècles, rongée par la mégalopole cairote toute proche.

De loin tout semble pourtant intacte. Le monument cohérent apparaît immuable, posé en majesté sur le plateau sacré.
La taille orgueilleuse des hommes a façonné les blocs. La pollution insidieuse rend lentement la roche sédimentaire, au sable du plateau de Gizeh.

L'édifice fond inexorablement, dans le microcosme moléculaire du calcaire. Cela prendra des millénaires...
Comme d'autres vanités, Cheops rejoindra la Tour de Babel et autres ziggourats, déjà muées en informes collines.

"... Nous allons combattre. Songez que du haut de ces monuments quarante siècles vous contemplent. » haranguait Napoléon le 21 juillet 1798.

c

lundi 28 janvier 2008

Vivre dans une mosquée de Rosette en Egypte

Face à l'entrée de cette mosquée de la petite ville de Rosette, au pays des Pharaons, nous imaginons quelques merveilles à l'intérieur. La porte date du XVIIIe siècle. Une époque florissante en Egypte, dont quelques maisons de la ville témoignent avec éclat. Mais ce n'est encore rien face aux trésors récupérés, mis en scène à l'intérieur du bâtiment. En avant. Passons le pas de la porte.
Des enfilades de colonnes soulignent la perspective de la salle. Elles donnent de la hauteur, s'élancent vers le ciel telles les prières des hommes de foi, invite l'âme humaine à s'élever... Seulement ces colonnes ne furent pas taillées pour ce lieu de culte. Elles ornaient des édifices à des époques bien plus lointaines. Chapiteaux corinthiens, doriques, soulignent la grande antiquité de ces sculptures. La "ré-invention", le recyclage de ces matériaux permit de les préserver et de nous les offrir aujourd'hui mis en valeur dans cette mosquée.


Un homme dort, deux autres discutent tranquillement sous la lumière et la douce chaleur de ce mois de décembre 2007. Les chaussures sans doute un peu plus précieuses que d'autres laissées à l'entrée ponctuent la composition. Cette scène de vie m'amuse et me semble si en décalage avec la grande retenue qui règne dans nos églises. Si lointaine des cathédrales du moyen âge, où le lieu de culte était un espace de rencontre, d'échange, de partage, de commerce même. Comme ici il n'y avait pas de chaise. On s'y rencontrait simplement.

Un homme généreux, un homme sec. Deux visions différentes de la vie se présentent. L'un des fronts apparaît sourcilleux, comme le drapé complexe de sa djellaba, et nourrit une pensée rythmée par l'égrenage du chapelet. Cahin-caha, l'autre bonhomme avance. Un sourire s'esquisse sur son visage, aussi lisse que le tombé de son vêtement. C'est un autre choix. Une autre autre approche de l'existence. Elles vont bientôt se rencontrer et dialoguer un instant ensemble.
Autre vue de ce trio. Trois individus. Trois situations. Sommeil. Discussion. Prière... Autant de notions si proches les unes des autres. L'analyse de l'électro-encéphalogramme des bouddhistes ou de soeurs carmélites, souligne la proximité de l'état de prière avec celui du sommeil. Un clin d'oeil visuel et un jeu de correspondance au sein de cette mosquée.

lundi 7 janvier 2008

Wadi Natrun : appel à la spiritualité

Le WE se termine. C'est la rentrée. Avant un prochain message dimanche prochain, ci-joint une autre vue de la région autour d'Alexandrie. Quand je vous disais que cela valait la peine d'y faire un tour, de visiter cette ville et les alentours en prolongeant un peu votre séjour en Egypte.

Nous sommes à 1h30 en taxi de la ville, dans le Wadi Natrun. Un désert habité par des monastères remontant à la plus haute antiquité. Sur les 100 créés à l'origine, il n'en reste plus que quatre. Les vestiges du VIe siècle sont rares mais les édifices religieux visibles aujourd'hui, entourés de leurs murailles, remontent autour du IXe siècle.
Le mot Natrun vient d'une soude naturelle, exploitée depuis l'époque romaine pour fluidifier le verre et baisser la température de fusion.

Les moines coptes sont très accueillants et cherchent à vous proposer un guide parlant votre langue, afin de faciliter des échanges forts intéressants sur les rites chrétiens datant du Ve siècle, l'histoire des lieux et l'origine du monachisme. J'aurai l'occasion de revenir sur le sujet.

Sur la gauche de cette photo du Monastère de Bishoï , se trouvent les anciennes cellules des moines. Au fond le cimetière. Sur la droite une chapelle dont on peut sentir déjà l'odeur persistante de l'encens.
Ces courbes en cascade, soulignent comme le ciel, l'appel à la spiritualité, l'harmonie, l'équilibre dans ce havre de paix.

dimanche 6 janvier 2008

Un petit métier surprenant à Alexandrie

Qu'il est bon de se poser quelques instants dans un parc, gouter un moment de fraicheur à l'ombre des palmiers, et passer la main sur l'herbe... En regardant cette photo, ce moment semble vraisemblable. Nous pourrions croire en cette image. Et pourtant l'action est située sur un tout autre registre.

Je vous mets sur la piste... Les Britanniques adorent faire cela le dimanche après-midi. Certains font un bruit à tout rompre. Elles peuvent être électriques, mécaniques, ou même à l'essence. Il existe en Europe peu de grands jardins sans elles...

Dans ce parc c'est différent. Tout d'abord parce que nous sommes à Alexandrie dans le jardin de Shallalat. Mais également parce que ces deux hommes les remplacent, avec un avantage certain. Ils n'auront pas de problèmes de moteur. Pas même besoin d'énergie fossile. Tout est réalisé sans bruit, discrètement, dans la quiétude du parc. L'approche est précise, fine dans l'exécution. Le job donne droit à une rémunération. Il est petit certes, mais donne sa place à chacun. Avec le respect de tous...

A nos yeux c'est cependant étrange. Presque dérangeant. J'ose à peine prendre la photo de loin. Ces deux hommes discutent ensemble et leurs paroles rythment leur mission : la tonte de la pelouse. Finalement tout est là, sauf l'odeur de l'herbe coupée.

samedi 5 janvier 2008

Les courbes du chantier naval d'Alexandrie

Observez ces courbes subtiles du bois, la structure, qui progressivement dessine les lignes d'une barque de pêcheur. Cela sera son outil de travail pour de nombreuses années. Un investissement, dont le pêcheur prendra soin. Avec un prix autour de 25 000 livres , telle une vieille voiture, la barque sera année après année, désossée, repeinte, étanchéisée, décorée et personnalisée. Elle aura ainsi plusieurs vie.

Bateaux de bois, bateaux de fer, le talent des artisans du chantier naval d'Alexandrie n'est plus à démontrer. Les techniques sont maîtrisées, éprouvées, réputées dans l'ensemble du bassin méditerranéen, comme les charpentiers de la ville de Rosette, aux frontières du Nil et de la mer.

Nous sommes loin de la barque du début. Ce sont de véritables yachts d'acier aux structures aériennes qui prennent vie ici. On imagine le poids du monstre. On s'étonne que celui-ci prenne un jour la mer. Vide, il s'ouvre encore aujourd'hui comme un éventail.


Tout n'est pas neuf dans le chantier naval. De vieux bateaux en bout de course, reviennent au port pour un profond lifting. Joints d'étanchéité., bois vermoulus seront remplacés pour un nouveau départ.


Après le marché aux poissons aux odeurs pestilentielles, se trouve le chantier naval, aux bords de la plage. Ce n'est pas une zone industrielle, immense, perdue, mais un espace de création, entre ville et mer, aux frontières des quartiers arabes.


Les prouesses des artisans n'ont pas de limite. Quel est le destin de ce bateau ? Métier la pêche ? Croisière en mer ? J'opterais plutôt pour la première solution. Le squelette de bois entretient encore aujourd'hui le doute.


Trois étapes de construction d'un bateau sont résumées sur cette photo. Tel un un clin d'oeil trois artisans s'activent à l'ouvrage. On imagine une baleine qui prend vie, puis se transforme en bateau de luxe.


Peut-être demain ce vaisseau des mers sera-t-il à Cannes, Nice, Monaco, ou ailleurs à Hvar en Croatie. Ces bateaux me séduisent peu mais finalement d'imaginer qu'ils peuvent être construits par les mains habiles des artisans d'Alexandrie, ils m'en deviendraient presque plus sympathiques.

Les éléments du bateau s'élèvent de la terre vers le ciel, suspendu dans l'air un temps, avant de rencontrer un autre élément. Il y cachera sous la ligne de flottaison une grande partie des courbes de la structure.

Un autre lien :
Une photo du chantier naval d'Alexandrie prise l'an passé et déjà présentée sur le blog.

technorati tags:

vendredi 4 janvier 2008

Alexandra, Alexandrie... une ville pour toujours

"Alexandra, Alexandrie
Alexandrie où tout commence et tout finit..." Cette chanson de Claude François, composée en 1978, trotte dans ma tête. 30 ans et pas une ride. Un peu comme ces immeubles de la ville du Grand Alexandre, sous la lumière chaude du soir qui estompe les injures du temps.

Le Cinéma Métro d'Alexandrie, tout entier dédié à l'Art Déco.
Egalement représentée en dessin par une jeune artiste.

Cette ville déconcerte le visiteur. De la cité antique il ne reste que peu de choses : la colonne de Pompée, l’amphithéâtre de Kom-el-Dick, les catacombes de Kom-el-Chouqafa, la villa des oiseaux avec une superbe mosaïque, et quelques vestiges sortis de l'eau par les équipes du CEAlex, dépendant du CNRS.
On parle également de l'ouverture future au public de la citerne EL-NABIH, très beau témoignage du système d'alimentation en eau de la ville, composée sur plusieurs niveaux de colonnes et chapiteaux antiques. A découvrir sur le site du photographe Raymond Collet : de superbes clichés.

Dans le milieu des archéologues, on évoque également des projets fantastiques comme un musée sous-marin ou bien l'anastylose du mythique Phare d'Alexandrie, merveille du monde. Les pierres de la porte monumentale du phare ont été retrouvées sous l'eau au niveau du fort médiéval de Qaitbay. L'anastylose consistera à les ré-élever pour re-composer le premier niveau du phare. Un projet fantastique mené toujours par le CEAlex.

Bref, je ne pouvais évoquer Alexandrie sans parler de la partie antique. Mais l'intention de ce message est surtout de mettre l'accent sur l'Alexandrie moderne, grandiose, avant l'arrivée au pouvoir de Nasser.

Alexandrie, perle de la Méditerranée, fut le RDV de grands architectes, qui y inventèrent des hôtels particuliers, immeubles, espaces publics, pour la grande bourgeoisie et aristocratie de l'époque. L'Art Nouveau, l'Art déco, y trouvèrent des terrains d'expression privilégiés.

Cette ville aujourd'hui peu touristique mérite vraiment le détour pour découvrir une autre Egypte, à la fois antique, médiévale et contemporaine. Quelques photos glanées lors de nos promenades.

La photo ci-dessus est celle d'un immeuble Art Déco, situé en bout de la corniche d'Alexandrie, vers le fort de Qaitbay. Il est juste en face du port des pêcheurs.

A l'intérieur de la ville, toujours le long de la Rue Fouad, ce magnifique immeuble Art déco également représenté par une jeune artiste vivant au pays des Pharaons. Un site plus complet vers ses oeuvres et son dernier livre. Ou une autre nouvelle du blog sur un superbe dessin de portes la cité arabe.

Cette photo souligne quelques éléments Art déco d'un immeuble situé sur la corniche, près de la Grande Bibliothèque.

Pour visualiser cet immeuble Art Déco, il convient de rentrer dans la ville par la rue Fouad, véritable artère de la Cité.

Un autre immeuble monumentale, dans l'esprit Art déco. Les appartements à l'intérieur sont assez grands, entre 200 et 400 m2. De quoi inviter, recevoir, et y organiser de grandes fêtes. Des éléments d'époque existent encore comme les chiffres romains soulignant les étages, les ascenseurs en bois exotique, les boites aux lettres, les poignées de porte...

Nous ne sommes pas à Bruxelles, mais les très beaux sgraffites rouges, avec des griffons, sur un immeuble plus classique, soulignent le raffinement de cette construction.

Un autre immeuble grandiose, à la facture plus classique. Il convient de noter que le pierre de taille est absente. Derrière les décorations en stuc se trouve la brique rouge. Et tout cela resiste tant bien que mal à l'air marin.


Un immeuble sur la corniche, dans la lumière du soir, avec ses balcons ouvragés, dans un esprit Art déco orientalisé. Toute cette richesse, cette beauté est déconcertante dans une ville malmenée où beaucoup de chefs d'oeuvres disparaissent en particulier dans la ville arabe. Mais ce sera l'occasion d'une autre nouvelle.

Quelques liens pour en savoir plus :
La ville d'Alexandrie dans Wikipédia
L'antenne du CNRS, et le fouilles du CEAlex
Le livre de dessins "Visage d'Alexandrie"
Quelques images sur la ville sur le site d'Alain Guilleux
Le chantier naval d'Alex déjà présenté dans une autre nouvelle du blog

technorati tags:

jeudi 3 janvier 2008

A Rosette, reprisage des filets de pêche

A Rosette, dans cette petite ville d'Egypte se rencontre les frontières du Nil et de la mer Méditerranée. Une barre de vagues indique la limite des eaux. C'est également dans cette cité que les limites de la connaissance des hiéroglyphes furent franchies, avec la pierre de Rosette, trouvée dans les murs du fort de Qaitbay. Caractères en hiéroglyphes, en démotique, et en grec, permirent à Champolion de déchiffrer l'écriture Egyptienne. Bien que les Français trouvèrent la pierre à l'époque de Napoléon, celle-ci fut reprise par les anglais menés par Nelson. Champolion travailla ainsi non pas sur l'original mais uniquement sur les relevés des scientifiques de l'époque, l'objet étant rapporté à Londres.

Ce pêcheur, assis sur son bateau, le visage protégé du soleil d'un mois de décembre, reprise les mailles de son filet. Un travail de précision et de longue haleine. Il me rappelle mes pêches aux bouquets de crevette en Atlantique et tous les fils à arranger. La tête blanche se détache dans un effet de camaïeu sur la couleur jaune et ocre des bouchons. Les combinaisons de couleurs se répondent habilement, comme par paire, des filets, cordages, aux éléments tout autour.

technorati tags:

Au bord d'un carrefour en Egypte

Cet homme est bien fragile face au flot des voitures. Il attend son tour en plein milieu du carrefour. Avec ces taxis jaunes et noirs de la ville d'Alexandrie, ils sont comme suspendus un instant, dans un concert de klaxons et des nuages de pots d'échappement. L'ombre du bonhomme indique comme une barrière invisible, toute relative.

Pour prendre cette photo, j'étais posté sur le balcon du CEAlex. au quatrième étage de l'immeuble. Les jeux de couleurs des taxis dans cette lumière rasante du soir me conduisit à saisir plusieurs clichés. Celui-ci illustre bien la difficulté de traverser les rues en Egypte. Le piéton n'est absolument jamais prioritaire. Il surf entre les voitures déboulant à toute vitesse à un rythme inversement calme et mesuré, pas à pas, à quelques centimètres près des véhicules. Les mouvements du "pot de fer" contre le "pot de terre", sont presque prévisibles. Rien ne servirait de courir.

mercredi 2 janvier 2008

Retour d'Egypte

Voilà c'est décidé. Tel le sceau rouge de cette publicité de Coca Cola, une nouvelle résolution pour 2008. J'avais bien envisagé d'arrêter le blog. Mais je dois vous avouer que ces derniers temps il me manquait un peu. Après ces quelques jours en Egypte. Toutes les photos prises sur place. Les petits histoires glanées ici ou là, m'invitaient déjà au partage, à ne pas garder cela pour soi, à échanger plus largement avec vous.

Certes au départ du blog j'avais bien fait le tour d'objets étant passés un temps entre mes mains au fil des années. Avec cet enthousiasme pour l'esprit véhiculé par les objets et leur rôle de témoin sur la grande route de l'humanité. Mais bon il faut l'avouer le nombre de ces objets, proches ou plus lointains aujourd'hui, a également une limite.

C'est donc décidé. Je vais continuer le blog et essayer à partir du 8 Janvier, de passer à un message par semaine, en profitant d'un peu de répit le week-end pour les mises à jour. Quant aux sujets ils seront peut-être un peu plus variés : l'art aborigène à l'occasion car on ne renonce pas à ses passions, les objets bien entendu, quelques prises de vue singulières, uniques et anciennes, des récits de voyages au Moyen-Orient ou dans d'autres contrées... Et puis pourquoi pas, peut-être des sujets plus spécifiques que vous souhaiteriez voir traiter ?

J'entends déjà certaines questions par rapport à l'image illustrant ce post ? Pourquoi dans ce blog choisir une icône publicitaire si décalée par rapports aux autres objets nomades présentés ? C'est presque une injure diraient certains ? Il est vrai que j'ai un peu hésité. Mais bon je me suis laissé séduire par cette grande tôle émaillée, surtout avec ces magnifiques caractères arabes. Tellement d'ailleurs que je l'ai acheté il y a 2 jours chez un brocanteur d'Alexandrie. Elle ne fut pas simple à rapporter en avion avec ses 62 cm de diamètre.

Il y a un an, je rapportais d'Alexandrie un ventilateur SINGER des années 30 de plus de 15 kg. Pour mon "retour d'Egypte" ce coup-ci, il s'agit de cette pub Coca. En fait elle représente en tant qu'objet bien plus que cela pour moi. Elle évoque un autre périple en terre arabe. En Irak pendant l'embargo entre les deux guerres du Golfe.

A Baghdad, à Mossoul... on pouvait encore trouver des bouteilles de Coca-Cola, utilisée et ré-utilisée, mais avec un autre jus que le Coca. Une sorte d'Ersatz pas désagréable d'ailleurs. On peut s'interroger sur la stratégie marketing de la firme d'Atlanta. Les Irakiens avaient commis une faute et bien ils seraient privés de Coca ! Une pénurie bien plus large en fait tant il manquait de tout à cette époque. Visages émaciés, maigreur des corps. Maladies infantiles fatales. Hôpitaux sans aucun médicaments, même pas un tube d'aspirine ! Une misère généralisée. Terrible. Injuste. Révoltante.

Dans ce contexte j'imaginais la haine que pouvait ressentir ce peuple pour les pays imposant l'embargo, et en particulier l'Amérique. A l'occasion de différentes discussions dans des lieux non surveillés, à l'arrière d'un bus où le bruit du moteur couvrait nos échanges et considérations, nous découvrions que les Irakiens ressentaient au contraire des sentiments paradoxaux et partagés. Avec des réactions allant de la haine à la fascination inversement pour les USA, leur culture, leur style de vie, l'espoir d'un autre avenir, bref le mythe de l'American way of life.

Cette publicité de Coca Cola avec cette conjugaison de ces deux cultures, symbolisées par les caractères arabes et latins, offre un éclairage symbolique de ces jeux d'attraction et de répulsion, si complexes aujourd'hui au Moyen-Orient.

samedi 15 décembre 2007

Les regards des portes d'Alexandrie

Dans une rue, ces deux portes invitent, accueillent et symbolisent tant de choses... Deux couleurs différentes. L'une bleue. L'autre jaune. Une patine rouge maquille les éraflures du temps au niveau du sol. Les marches sont bancales. Ajustées au fil des années. On peut ressentir l'humidité, la texture des écailles de peinture. Nous pourrions être à Venise, dans une ville qui s'abime... mais nous sommes à Alexandrie en Egypte.

La vie est là. Elle vient de passer par cette porte ouverte. On distingue presque le bruit des enfants et quelques odeurs de cuisine... Il fait sombre dans cette embrasure. C'est peu engageant tout de même. Presque inquiétant. Mais la porte reste ouverte. Un peu comme un challenge. Le démarrage d'une discussion. Une rencontre...

L'autre porte est fermée. Intraversion ou promesse. Richesse de l'intérieur et crainte du passant devant la protection dérisoire d'une serrure. Les marches cassées sont vastes et convergent vers le seuil. Comme un entonnoir, pour largement accueillir.

Sur la gauche apparaissent les volets d'une fenêtre, d'une teinte verte bien franche comme la religion de ses habitants. Le bois de la porte devient progressivement gris, usé par les intempéries et donne une idée de l'âge des habitants.

Je fus tout de suite séduit par ce dessin d'une jeune artiste vivant aux pays des pharaons. Jumelle elle-même, qu'a-t-elle put bien ressentir, ou révéler de façon même inconsciente dans ces deux portes ? Nous n'en saurons rien mais reste le charme de cette petite ruelle qui me parle tant. Et ces deux ouvertures, presque en forme de visage, qui nous adressent un clin d'oeil.

lundi 12 novembre 2007

Cristaux ou météorites du désert blanc ?

Dans ce désert blanc d'Egypte, le contraste est fort entre les moignons immaculés de calcaire et les scories noires d'anciennes éruptions volcaniques. Le forme cristallisée est mystèrieuse. Une éruption est brutale et le refroidissement de la lave assez rapide. Ici c'est différent, les cristaux ont été forgés sur une longue durée. Avec des formats carrés agglomérés, des pointes fractales dressées en épine.

Lave capricieuse ? Météorite se cristallisant en refroidissant ? Le désert est habité par ces maigres témoignages d'un temps minéral. Nous sommes impressionnés. Les volcans sont loin en distance et dans le temps. Ces colères des entrailles se produisirent des dizaines de millions d'années avant aujourd'hui. Autant dire une éternité.

Mais reste cette question. D'où viennent ces matières assez lourdes, chargées en fer ? Quel a été le processus de formation ? Si vous avez des idées...

jeudi 2 août 2007

La nature souligne le travail des hommes du Néolithique

Il est 1 h de l'après-midi, entre désert noir et désert blanc, sur les chemins de l'Egypte. Le moment de la sieste. Une partie du groupe cherche de l'ombre en ce mois d'Avril, derrière quelques champignons de calcaire, rescapés des anciennes mers.

Face aux petites falaises blanches formant comme une crique, on imagine les vagues se fracassant sur la plage. La courbe dessinée par les éléments donne à ce lieu une quiétude particulière. J'ai le sentiment d'une présence. Que cet espace devait être occupé il y a quelques millénaires.

Avec mes comparses, nous parcourons le sol, en discutant, à la recherche d'aspérités, de formes inattendues. Quelques meules apparaissent sur des monticules. Elles ont sans doute été disposées là par des nomades de passage. Elles servent soit de repaire, de kairn, ou tout simplement d'outils, mis aujourd'hui à disposition de l'homme de passage.

C'est bon signe. Nous continuons à chercher du regard, sous le soleil et la chaleur. Les cailloux sont nombreux. C'est un peu ce que l'on appelle un désert de pierre à cet endroit. Difficile de distinguer le naturel de l'objet travaillé.

Tout à coup, l'un de nous découvre la magnifique hâche en silex couleur charbon, présentée sur la gauche. Cela décuple notre motivation. Et affute nos yeux qui scrutent maintenant avec attention l'espace.
Long, finement ciselé, je découvre un poignard taillé dans un silex blond comme le miel.
Un peu plus loin, un éclat courbé, se distingue nettement sur le sol. Il a été taillé avec précision sur un côté tout en respectant l'ondulation naturelle de la pierre.

La collecte ne manque pas d'intérêt. Nous demandons à nos amis nomades quel est le nom du lieu pour bien référencer l'origine des pièces. Les GPS n'existaient pas encore. C'était il y a longtemps. Mais des noms comme vallée aux corbeaux sont bien plus poétiques et évocateurs. Bien que finalement nous n'ayons jamais croisé ces volatiles.

Les silex dans la partie haute furent trouvés un soir avant l'installation du bivouac pour la nuit, sous le ciel étoilé d'Egypte. L'éclat en haut de l'image, travaillé comme un gratoir est assez marquant avec une oxydation blanche inscrite comme un ourlet sur toute la ligne de taille.
Quand la nature souligne le travail de nos anciens il y a 8000 ans...

lundi 18 juin 2007

Les colonnes jumelles d'Alexandrie

Ces deux colonnes sont là depuis un temps déjà oublié, fières, abîmées par les outrages du climat et les mains des passants. En des périodes moins glorieuses, elles étaient à terre, brisées. Puis les hommes les ont remontées sur leurs socles. Dans cet amphithéâtre déserté, depuis quelques siècles, elles dissertent ensemble sur la grande histoire de la ville d'Alexandrie. Jalousement elles gardent pour elles les secrets des alcoves.

Une femme, un homme s'offre la scène pour une discussion intime à l'abris des regards. Ils repondent en écho aux dialogues des pierres et de ces deux cyprès dans le prolongement de la perspective.

La courbe des gradins, dans un effet d'amplitude entoure les colonnes. C'est un peu comme si des géants venaient à l'instant de les planter sur l'eau. L'onde de choc se propage et s'ajoute aux bruissements des pièces tragiques antiques.
Technorati Profile

Egypte : des murs racontent des histoires

Dédales des ruelles d'Alexandrie. Des murs racontent des histoires. Tel voyage à La Mecque à accomplir par tout bon musulman au cours de sa vie. Telle épopée d'un oasis aux pyramides de Gisé comme ici sans doute ?

L'élan distingué des caractères arabes décline les lettres bleutées sur un fond jaune atténué, presque brûlé par le soleil de Méditerranée. Les papiers superposés ne respectent en rien la composition et lui donne un côté un peu absent. Cette aventure bientôt disparaîtera grignotée par l'humidité du sol et camouflée par les colleurs d'affiches en période électorale.

dimanche 10 juin 2007

A l'ombre du métal : chantier naval à Alexandrie

Il est temps que j'aille refaire un tour à Alexandrie. Cette ville fascine et surprend. On s'attend à y rencontrer des témoignages de l'époque d'Alexandre, des vestiges multiples de l'Egypte antique... Ils sont pourtant très peu nombreux.
Cela laisse un peu désabusé les touristes tant ils voient en l'Egypte un musée à ciel ouvert.

Et pourtant Alexandrie est un vivier extraordinaire. Elle joue avec le temps, et se renouvelle sans cesse, dans son architecture, dans ses métiers, dans sa passion de la connaissance universelle et du partage.

Le charme ourlé de sa baie, la lumière de ce "phare" sur la Méditerranée, invitent à parcourir la ville, ses ruelles, ses marchés souriants jusqu'aux puanteurs du marché aux poissons.
Un peu plus loin se trouve le chantier naval. L'accès est aisé par la plage. Les ouvriers sont à peine intrigués par un photographe occidental. A l'ombre d'un autre vaisseau, le squelette métallique d'un bateau sera bientôt plus charnu et d'une nouvelle peau prendra la mer.

Cette dentelle de métal jongle avec les effets de lumière et offre la liberté surprenante de baguettes suspendues montant vers le ciel. Cela semble léger, aérien, presque fragile.
Difficile d'imaginer demain la coque solide d'un navire dans le bruit assourdissant des outils qui façonnent la matière.

L'ouvrier traverse avec attention le regard fixé sur les poutrelles et étonne sur l'équilibre incertain du frêle esquiffe, aux contreforts absents sur le côté droit.