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mardi 27 février 2007

Plateau de Bagzane au NIGER : le sablier est en marche

Les blocs de pierre, brûlés de soleil, se détachent de la montagne. Arrondis, comme posés par des géants, ils laissent imaginer un subtil jeu d'équilibre aux règles inconnues. Un rocher aux formes généreuses, tombé au fond de l'oued sonne la fin d'une partie. Un autre disposé sur la crête invite à un autre cycle. Ensemble ils défient les lois de l'apesanteur.

Les arbres ont échappé à la sécheresse des dernières années. Des branches brunies, des épines acérées cachent quelques feuilles minuscules. Aucune branche ne se rencontre à hauteur d'homme. Collectées, arrachées elles sont rassemblées contre le village et dessinent une forêt d'arbustes autour des huttes.

La barrière infranchissable pour les chèvres, coyotes et singes égarés, protège les maisons des larcins. Il y a bien longtemps, nous faisions la même chose dans le Grand Nord : les os des grands mamifères y constituaient une haie protectrice. Plus au sud, les cités lacustres permettaient d'échapper aux intrus. Chez les hommes du néolitique, des traces de pieux marquaient ainsi l'espace.

Murs. Barrières. Claustras. L'humanité n'a de cesse d'inventer les limites de la propriété. Ici ces branches amassées, habilement disposées, ruinent les alentours, détruisent toute végétation. Réserve de bois de chauffe et protection, celles-ci ne dureront que tant qu'il y aura des arbres. Le sablier est en marche !

P.S. : merci à Bernadette pour la photo.

vendredi 23 février 2007

Plateau de Bagzane au NIGER : l'herbe tombe du ciel

Le fond de l'oued sabloneux ne laisse que le lointain souvenir de l'eau sur le plateau de Bagzane. Dans les méandres volcaniques s'amusent des hordes de singes roux visibles au petit matin. La terre est rêche, miel, argileuse. Dans chaque interstice, le sol garde l'histoire du passage des animaux. Fèces de chameaux, chèvres, ânes griment des galets polis ou autres fruits secs aux couleurs pastels. On s'y tromperait presque. Avec gourmandise, la nature aride garde le témoignage des traces de vie.

De jeunes filles élancées, noires comme l'ébène, aux formes finement ourlées aborent fièrement une longue perche courbée de cinq mètres. Un seul baton n'aurait pas suffit. Deux branches jointes par un noeud savant tressé permettent d'aggriper les plus hautes ramifications des acacias à l'aide d'un crochet en métal.

Elles secouent si fortement l'arbre, de tout leur poids que les branchettes et feuilles de l'épineux finissent par céder, se détachent et tombent au sol. Un cri résonne. Répété comme un chant. C'est leur signal pour le troupeau de chèvres. Il n'attend pas et converge vers cette manne venue du ciel. Chaque nouvelle branche tombant à terre est prise d'assaut par les bêtes qui grignotent cette rare nourriture. "L'herbe tombe du ciel".Les petites filles sourient et m'observent tandis que j'écris cette nouvelle. Pendant ce temps, Les arbres se dégarnissent. Leur feuillage devient de plus en plus rare. Leurs ramages échappaient au long cou des chameaux et aux caprins équilibristes. Mais l'homme va plus loin avec ses inventions. Cependant arbre ou désertification, il faudra un jour choisir. Mais pour l'instant elles pensent juste à demain. Au maigre lait des chèvres pour composer le fromage de la famille. Ce matin le fourrage vient du ciel et le futur n'existe pas.

P.S. : merci à Bernadette pour le prêt de son appareil photo