Le fond de l'oued sabloneux ne laisse que le lointain souvenir de l'eau sur le plateau de Bagzane. Dans les méandres volcaniques s'amusent des hordes de singes roux visibles au petit matin. La terre est rêche, miel, argileuse. Dans chaque interstice, le sol garde l'histoire du passage des animaux. Fèces de chameaux, chèvres, ânes griment des galets polis ou autres fruits secs aux couleurs pastels. On s'y tromperait presque. Avec gourmandise, la nature aride garde le témoignage des traces de vie.
De jeunes filles élancées, noires comme l'ébène, aux formes finement ourlées aborent fièrement une longue perche courbée de cinq mètres. Un seul baton n'aurait pas suffit. Deux branches jointes par un noeud savant tressé permettent d'aggriper les plus hautes ramifications des acacias à l'aide d'un crochet en métal.
Elles secouent si fortement l'arbre, de tout leur poids que les branchettes et feuilles de l'épineux finissent par céder, se détachent et tombent au sol. Un cri résonne. Répété comme un chant. C'est leur signal pour le troupeau de chèvres. Il n'attend pas et converge vers cette manne venue du ciel. Chaque nouvelle branche tombant à terre est prise d'assaut par les bêtes qui grignotent cette rare nourriture. "L'herbe tombe du ciel".Les petites filles sourient et m'observent tandis que j'écris cette nouvelle. Pendant ce temps, Les arbres se dégarnissent. Leur feuillage devient de plus en plus rare. Leurs ramages échappaient au long cou des chameaux et aux caprins équilibristes. Mais l'homme va plus loin avec ses inventions. Cependant arbre ou désertification, il faudra un jour choisir. Mais pour l'instant elles pensent juste à demain. Au maigre lait des chèvres pour composer le fromage de la famille. Ce matin le fourrage vient du ciel et le futur n'existe pas.
P.S. : merci à Bernadette pour le prêt de son appareil photo
5 commentaires:
Petite fille au Niger, février 2004... vous me faites penser à elle. La vie est devenue de plus en plus rude car la sécheresse a beaucoup sévit ces dernières années. Vous en faites le constat. Bon courage pour votre retour.
Mon cher Bertrand,
Ces quelques jours dans le désert ne t'ont pas fait perdre ce talent qui te permet de faire résonner en chacun de nous les mystères de ces pays ancestraux.
A bientôt
Christine
Hello Christine,
Merci pour ton commentaire. :-)
Je suis tout de même un peu néophyte en la matière. Ces mystères se devoivent à peine au visiteur de passage. Nous étions bien accompagnés avec nos amis Touareg pour "rentrer" plus en Afrique.
Mais le mieux tout de même c'est d'aller sur place, d'y vivre, d'aider. Ils en ont tant besoin.
Enfin avec tous nos achats dans les petits villages et familles, nous avons sans doute augmenté un peu le PIB de la région. ;-)
A bientôt,
Bertrand
Bonjour Lyliana,
Merci pour votre message. La sécheresse semble un lointain et fort mauvais souvenir e souligne la précarité des lieux. Où vie ne tient qu'à un fil.
L'état n'aide que peu le peuple Touareg. Avec rien des petites merveilles sont réalisées souvent avec le coup de pouce de petites ONG : oasis, scolarité...
Bàv,
Bertrand
Je reviens des Bagzans et je suppose que vous avez rencontrer Rhissa l'infirmier de Bagzans n'Amas et Salouhou l'instituteur d'Emalewlé ??
on a qu'une envie c'est d'y retourner !! ces gens sont merveilleux !
j'y ai pleins d'amis, qui attendent mon retour avec autant d'impatience que moi ...
Ar assaghat
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