mardi 29 avril 2008

Renaissance du phare d'Alexandrie : de l'anastylose à la création 2/2

Plan de l'anastylose du phare, synthétisant graphiquement les travaux des équipes du CEAlex © , Y. Vigouroux
Plan du musée du phare imaginée par Y. Vigouroux. © CEAlex.

Ce projet pourrait bien voir le jour. Il s'agira d'une première. La ré-invention d'une des sept merveilles du monde. Le phare d'Alexandrie.
Le CEAlex dirigé par Jean-Yves Empereur est sur les rangs. Ses équipes en charge des fouilles sous-marines de la corniche de la ville, ont déjà remonté des flots quelques statues monumentales des Ptolémés.

Au cours des plongés successives ils ont également identifié sous l'eau d'immenses blocs de granit qui faisaient près de 12 mètres de haut. Il ne s'agit pas du fût de colonnes antiques, ni d'un banc pour d'autres géants, mais bien des immenses montants et du linteau de la porte du mythique phare.

Prenons de la hauteur. Laissons parler l'imagination. Nous voici guidé par un plan du projet évoqué dans un précédent billet.
On distingue bien la grandiose porte du phare, face à la mer, dans l'alignement d'une terrasse rituelle. Le phare était temple. Le temple était phare. L'emplacement face à l'immensité invitait à la spiritualité. Les bateaux pouvaient y accoster à l'occasion de cérémonies.

Sous le seuil de la porte figure le sous-bassement symbolique du phare antique. Lumineux, ouvert sur la corniche, il offrira un espace dédié à un musée accueillant les pièces fragiles du monument, tellement érodées par le temps.

Plan de l'anastylose du phare, synthétisant graphiquement les travaux des équipes du CEAlex © , Y. Vigouroux


La nuit, un éclairage laser donnera du volume à l'édifice. Il suggérera la forme et la hauteur de l'édifice antique. De l'anastylose de la porte, composée des éléments d'origine, le phare se ré-inventera et prendra vie dans une déclinaison symbolique de lumière.

Il reste aujourd'hui à conjuguer les bonnes volontés et autorisations égyptiennes nécessaires...
La créativité des tailleurs de pierre, chefs de projet, architectes est là... Nous comptons sur eux et les mécènes, pour offrir ce monument à la ville d'Alexandrie. A suivre...

technorati tags:

Ré-inventer le phare d'Alexandrie : de l'anastylose à la création 1/2

Aujourd'hui un projet unique, enthousiasmant, fragile, s'apprête à voir le jour : l'invention du phare d'Alexandrie.
Inventer ? Ce mot pourrait surprendre. Re-créer, relancer, élever... pourrait être comme une hérésie sur le plan archéologique. Comment pourrait-on édifier à nouveau ce qui fut ?
Et pourtant cela reste possible avec une grande rigueur scientifique, en procédant à ce que le métier appelle une anastylose.
Il s'agit de la reconstruction à partir des éléments originaux du phare. Ceux-ci seront repositionnés à l'endroit initial où les blocs étaient situés dans le bâtiment lui-même.

Le phare a disparu au Moyen Age, absorbé par les flots. Il n'en reste plus rien de visible aujourd'hui.
Certains envisagent qu'une partie du fort de Quaitbay serait la base de cette défunte merveille du monde.
D'autres pensent que l'imaginaire reste le seul référentiel acceptable pour l'éternité. Un rêve, une mémoire enfouie, généreuse, exagérée, juste poétique.

Et pourtant le phare est bien là. Enfin une partie. Sous nos pieds. Sous les vagues tumultueuses de la rade d'Alexandrie. Les archéologues plongeurs de l'équipe de Jean-Yves Empereur trouvèrent différents blocs de granit. Après analyses, recoupements, débats... il devenait clair que ces pierres étaient les restes de la grande porte du phare.

Et pourtant tous ces éléments furent disséminées sous l'eau après un tremblement de terre. Aujourd'hui ils servent en partie de sous-bassement au fort du Moyen-Age. Sous terre ou sous mer le phare n'est plus. De toute façon il ne serait donc pas envisageable de le remonter dans son entier.

Cependant, sortir les pierres de l'eau. Elever à nouveau ce qui fut l'entrée rituelle du monument, juste cette porte, son linteau, semblerait possible.
Imaginez-vous demain passer sous cette ouverture de 12 mètres de haut...

Il s'agit d'un projet gigantesque, aux confins de l'archéologie, de la politique, du mythe entretenu d'une des dernières merveilles du monde...

On voyait il y a peu les plans d'anastylose réalisés par Y. Vigouroux à partir des données et travaux de l'ensemble des équipes du CEAlex, ainsi que son projet de Musée du Phare. Ils font tout simplement rêver un simple amateur.

L'idée est belle, fragile, enthousiasmante pour cette ville un peu oubliée et pourtant si attachante. A suivre...

lundi 21 avril 2008

De la meule au mortier en quelques millénaires

De la meule, même la plus ancienne, au mortier, il n'y a qu'un pas. Broyer. Ecraser. Réduire. Le principe reste le même. Des millénaires les séparent mais le mouvement persiste.

Je garde en mémoire, un petite plateau sous une grotte du Sahara Libyen. De nombreuses cuvettes dans le sol, circulaires, lisses, invitaient à passer la main. Des hommes du néolithique y préparèrent la farine, où d'autres ingrédients plus précieux, médicinaux.

Un creux nettement plus profond s'enfonçait de plus de 30 cm dans la pierre. Sans outil en métal, quelle patience avait-il fallu pour creuser la roche. Des jours, presque des semaines...

Quelle pouvait être son utilité ? Ce trou était bien trop profond pour moudre des grains. Par contre il devenait bien pratique pour un mettre un liquide. Nous avions peut-être en face de nous, l'ancêtre de la marmite ? Pas de feu dans l'âtre, absence de trépied, point de manche... Les mets étaient mis dans la cavité de pierre, remplie d'eau, puis des pierres chaudes se glissaient à l'intérieure. Les échanges ingénieux de chaleur permettaient de cuire les aliments.

Ce mortier fut chiné dans les Alpes de Hautes Provence, à Barcelonnette. Il n'existait pas dans le temps une cuisine sans son mortier. L'objet était indispensable pour préparer la soupe au pistou, l'aïoli et autres merveilles culinaires parfumées de Provence.

lundi 7 avril 2008

Cheops rongée par la mégalopole cairote


© Photo de l'auteur du blog.
Pyramide de Cheops. Putréfaction de la pierre.

Avec les pyramides, l'homme a voulu conjurer son destin et s'élever vers le ciel pour l'éternité. Cependant la pierre s'encroute, se craquelle et s'effrite, pulvérisée par les siècles, rongée par la mégalopole cairote toute proche.

De loin tout semble pourtant intacte. Le monument cohérent apparaît immuable, posé en majesté sur le plateau sacré.
La taille orgueilleuse des hommes a façonné les blocs. La pollution insidieuse rend lentement la roche sédimentaire, au sable du plateau de Gizeh.

L'édifice fond inexorablement, dans le microcosme moléculaire du calcaire. Cela prendra des millénaires...
Comme d'autres vanités, Cheops rejoindra la Tour de Babel et autres ziggourats, déjà muées en informes collines.

"... Nous allons combattre. Songez que du haut de ces monuments quarante siècles vous contemplent. » haranguait Napoléon le 21 juillet 1798.

c

Elle mériterait une médaille

© Photo de l'auteur du blog
Notre Dame des Neiges, Ubaye.

Dans ces coins reculés de France, les charmes inéffables d'autres époques s'expriment dans les contrastes des formes et des styles préservés.
Une simple chapelle accueille une boite aux lettres hors du temps. Elle fonctionne toujours dans ses habits art nouveau, drapée d'un crépi fissuré.

Lors des rudes journées de l'hiver, le facteur à ski, apporte ou y collecte encore le courrier. Sens du service oblige. Persistance d'un maillon social entre les communautés et maisons plus isolées.

Sa cuirasse en fonte jaunie a traversé plusieurs guerres et révoltes.
A l'heure de la modernisation de la Poste, elle joue l'insolente et résiste tout aussi bien aux éléments qu'aux hommes.
Elle mériterait une médaille.