lundi 27 août 2007

Art aborigène : Innovation et rupture chez les Bidyadangas

La communauté de Bidyadangas vivait dans le "Great Sandy desert". Un endroit si éloigné qu'il reste difficile à situer pour les profanes.

Malheureusement après plus de dix ans de sécheresse, la vie n'était plus possible sur place. Il fallait opérer un changement au début des années 1950. L'ensemble de la communauté a été contrainte de quitter la terre sacrée des anciens. Au fil de leur recherche, ils sont venus s'installer dans un lieu plus propice à la vie, sur la côte de l'Australie.

Mais ils n'ont jamais perdu la mémoire de leur terre et quelques membres de la tribus continuent à peindre les espaces de leurs ancètres.
Aujourd'hui la communauté de Bidyadangas est un des derniers groupe aborigène à émerger avec des artistes de haut niveau faisant preuve d'une grande créativité.

Les peintres ont été marqués par le changement d'environement. Il a enrichit la palette des couleurs utilisées dans leurs peintures avec des déclinaisons de vert ou de bleu mimant les nuances de l'océan Indien. Avec des variations de roses ou de jaunes suggérant les fleurs du bord de mer. Les jeux de couleurs sont inventifs et introduisent une rupture et un nouveau vocabulaire pour décrire leur terre ancestrale, offrant ainsi un art innovant et unique.

Cette peinture composée par le jeune artiste Daniel Walbidi est un véritable trait d'union entre le présent et le passé de la communauté et souligne les mythes dont il a hérité.
De son côté il ne cesse de tester les possibilités offertes par la peinture afin de trouver les voies les plus innovantes pour représenter les secrets de la terre. Il y a quelques temps il faisait un pélerinage avec les anciens de la tribus sur leur ancienne terre du désert, afin de mieux en comprendre les rythmes et vibrations, presque 100 ans après son abandon.

Ubaye : l'écorce a fondu sous la foudre

A cette altitude il y a 25 000 ans s'épanouissait un glacier. De ses 1000 mètres de profondeur il remplissait généreusement toute la vallée. La vie n'avait pas sa place dans cette vallée de l'Ubaye. D'autres parlent de rechauffement aujourd'hui. Ici dans les Alpes, c'est déjà une histoire bien ancienne. Les glaciers s'effacent. Certains étrangement apparaissent sous terre au fil des glissements de terrain.

Sur cette pente, les arbres ont poussé proche de leur limite avec les derniers mélèzes sur cette adret escarpé. Mais le sommet est bien plus loin. En fait 400 mètres au dessus, vers les 2700.

Pourtant cet espace communique avec le ciel. Les éclairs gourmants tissent leurs toiles sur cette petite plateforme. Les arbres de leur côté sont moins chanceux et s'offrent dénudés au regard. Les épines des mélèzes se sont envolées comme une toison d'or à l'automne. L'écorce a fondu sous l'impact de la "colère de Dieu".

lundi 20 août 2007

Nomade sur la route des Alpes

Le blog prend quelques jours de repos. Me voilà nomade sur les routes des Alpes de Hautes Provence.

Photo prise il y a quelques jours par Reginald, un membre de notre équipe.

samedi 4 août 2007

Mort du Chêne Jupiter à la robe d'argent (680 ans)


C'était bien souvent le but d'une balade en vélo. De Barbizon, remonter vers le plateau, puis longer les routes forestières jusqu'au grand Chêne Jupiter.

Une tradition dans cette forêt d'Ile de France où depuis longtemps l'arbre le plus âgé de la forêt porte un nom, souvent celui d'un Dieu. Et dés sa mort comme les immortels celui-ci est donné à l'arbre qui suit par la sagesse des années.

L'arbre n'était pas trappu, charnu, avec de multiples branches partant dans toutes les directions. C'était un très vieux chêne tout droit, majestueux, dépassant tous les autres du haut de sa cîme.

Un jour nous avons quitté la maison de Barbizon. Et j'appris plus tard que le chêne Jupiter était mort. Il était un peu comme un témoin de mon enfance, avec le rocher en forme d'éléphant où nous allions tout petit.

De passage dans la forêt presque dix ans plus tard, le Jupiter mort était toujours là. Respecté. Les forestiers et l'ONF n'avaient pas eu le coeur de le couper. Ni peut-être le droit. Un Dieu ne peut disparaître. Mais il perd ses branches. Aussi des barrières l'encadrent comme un écrin. Sa peau perd quelques éclats et disperse sur le sol des morceaux d'écorce. J'en rapportais un en souvenir.

Il est magnifique. Poudré d'argent. Avec de profondes rainures et crevasses imposées par le temps. Le tenir en main, c'est un peu comme garder son souvenir intacte. Il est mort en 1994 après 680 ans de vie. Il n'aura pas connu Saint Louis mais Charles V en 1372.

Le lieu "Chêne Jupiter" figure toujours sur les cartes, comme un lieu sacralisé, par une reconnaissance toponymique permanente. Quelques branches coupées par l'ONG avaient déclenché une terrible polémique en 1994, donnant lieu à des articles dans différents quotidiens dont le Monde... ou l'Humanité.

Extrait du journal l'Humanité du 10 mai 1994 : "La sève du vieux feuillu était fatiguée de monter jusqu’à la cime. Elle a cessé son ascension et Jupiter a perdu la vie. Il s’est éteint pendant l’été, à 650 ans et des poussières, après trois années de sécheresse qui lui ont été fatales. L’ONF ... a décrété que les ramures pourries pouvaient s’écrouler sur les promeneurs. Il a dépêché ses bûcherons de malheur."

La deuxième photo est une ancienne carte postale du Chêne Jupiter au tout début du XXe siècle.

jeudi 2 août 2007

La nature souligne le travail des hommes du Néolithique

Il est 1 h de l'après-midi, entre désert noir et désert blanc, sur les chemins de l'Egypte. Le moment de la sieste. Une partie du groupe cherche de l'ombre en ce mois d'Avril, derrière quelques champignons de calcaire, rescapés des anciennes mers.

Face aux petites falaises blanches formant comme une crique, on imagine les vagues se fracassant sur la plage. La courbe dessinée par les éléments donne à ce lieu une quiétude particulière. J'ai le sentiment d'une présence. Que cet espace devait être occupé il y a quelques millénaires.

Avec mes comparses, nous parcourons le sol, en discutant, à la recherche d'aspérités, de formes inattendues. Quelques meules apparaissent sur des monticules. Elles ont sans doute été disposées là par des nomades de passage. Elles servent soit de repaire, de kairn, ou tout simplement d'outils, mis aujourd'hui à disposition de l'homme de passage.

C'est bon signe. Nous continuons à chercher du regard, sous le soleil et la chaleur. Les cailloux sont nombreux. C'est un peu ce que l'on appelle un désert de pierre à cet endroit. Difficile de distinguer le naturel de l'objet travaillé.

Tout à coup, l'un de nous découvre la magnifique hâche en silex couleur charbon, présentée sur la gauche. Cela décuple notre motivation. Et affute nos yeux qui scrutent maintenant avec attention l'espace.
Long, finement ciselé, je découvre un poignard taillé dans un silex blond comme le miel.
Un peu plus loin, un éclat courbé, se distingue nettement sur le sol. Il a été taillé avec précision sur un côté tout en respectant l'ondulation naturelle de la pierre.

La collecte ne manque pas d'intérêt. Nous demandons à nos amis nomades quel est le nom du lieu pour bien référencer l'origine des pièces. Les GPS n'existaient pas encore. C'était il y a longtemps. Mais des noms comme vallée aux corbeaux sont bien plus poétiques et évocateurs. Bien que finalement nous n'ayons jamais croisé ces volatiles.

Les silex dans la partie haute furent trouvés un soir avant l'installation du bivouac pour la nuit, sous le ciel étoilé d'Egypte. L'éclat en haut de l'image, travaillé comme un gratoir est assez marquant avec une oxydation blanche inscrite comme un ourlet sur toute la ligne de taille.
Quand la nature souligne le travail de nos anciens il y a 8000 ans...