Le cheminement d'un collectionneur d'art Aborigène d'Australie de 2006 à 2015, ses découvertes, artistes favoris, expositions et chroniques.
samedi 4 août 2007
Mort du Chêne Jupiter à la robe d'argent (680 ans)
C'était bien souvent le but d'une balade en vélo. De Barbizon, remonter vers le plateau, puis longer les routes forestières jusqu'au grand Chêne Jupiter.
Une tradition dans cette forêt d'Ile de France où depuis longtemps l'arbre le plus âgé de la forêt porte un nom, souvent celui d'un Dieu. Et dés sa mort comme les immortels celui-ci est donné à l'arbre qui suit par la sagesse des années.
L'arbre n'était pas trappu, charnu, avec de multiples branches partant dans toutes les directions. C'était un très vieux chêne tout droit, majestueux, dépassant tous les autres du haut de sa cîme.
Un jour nous avons quitté la maison de Barbizon. Et j'appris plus tard que le chêne Jupiter était mort. Il était un peu comme un témoin de mon enfance, avec le rocher en forme d'éléphant où nous allions tout petit.
De passage dans la forêt presque dix ans plus tard, le Jupiter mort était toujours là. Respecté. Les forestiers et l'ONF n'avaient pas eu le coeur de le couper. Ni peut-être le droit. Un Dieu ne peut disparaître. Mais il perd ses branches. Aussi des barrières l'encadrent comme un écrin. Sa peau perd quelques éclats et disperse sur le sol des morceaux d'écorce. J'en rapportais un en souvenir.
Il est magnifique. Poudré d'argent. Avec de profondes rainures et crevasses imposées par le temps. Le tenir en main, c'est un peu comme garder son souvenir intacte. Il est mort en 1994 après 680 ans de vie. Il n'aura pas connu Saint Louis mais Charles V en 1372.
Le lieu "Chêne Jupiter" figure toujours sur les cartes, comme un lieu sacralisé, par une reconnaissance toponymique permanente. Quelques branches coupées par l'ONG avaient déclenché une terrible polémique en 1994, donnant lieu à des articles dans différents quotidiens dont le Monde... ou l'Humanité.
Extrait du journal l'Humanité du 10 mai 1994 : "La sève du vieux feuillu était fatiguée de monter jusqu’à la cime. Elle a cessé son ascension et Jupiter a perdu la vie. Il s’est éteint pendant l’été, à 650 ans et des poussières, après trois années de sécheresse qui lui ont été fatales. L’ONF ... a décrété que les ramures pourries pouvaient s’écrouler sur les promeneurs. Il a dépêché ses bûcherons de malheur."
La deuxième photo est une ancienne carte postale du Chêne Jupiter au tout début du XXe siècle.
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