Nous sommes un matin. Les chameaux sont posés sur le sol, harnachés des sacs et victuailles. Nos colis bien supérieurs, jours après jours au 12 kg recommandés, alourdis par les cailloux collectés, suscitent des mouvements de rébellion des bêtes. Trop lourd, trop anguleux, au parfum différent... ils grognent.
La pierre est ocre, à l'image de la planète Mars. Des acacias élancés, aux branches et troncs "rouge Hermés" étonnent. J'y passe la main caressant l'écorce duveteuse. Celle-ci se couvre d'une poussière carminée persistante. Me voilà "peau rouge". J'apprends que les Touarges font de même. Ils frottent les peaux nouvellement tannées pour les débarrasser des parasistes et leur donner cette teinte magnifique. Généreux le vêtement dépose ensuite sa couleur sur les épaules des coquettes et enchante le regard des hommes.
Dans cet oued, seul refuge pour le sable, alors que tout autour la pierre fait loi, les chameaux enfin se relèvent, libres de leur mouvement, pour grapiller quelques feuilles hautes perchées.
Volant de branches en branches, un corbeau se pose soudain sur la bosse de l'un deux. Le corbeau et le chameau. L'instant est étrange. Il nous regarde. Dans ses yeux nous avons l'impression de rencontrer le grand La Fontaine. Le corbeau se nourrit des insectes cachés dans la fourrure. D'une tique à l'autre, la fable prend corps.
Merci à Michel, Jocelyne et Bernadette pour les photos. :-)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire