samedi 17 mars 2007

Néolithique : ils ouvrent les portes de la pierre polie


Collection privée BROCARD II.

Il y a 10 000 ans, un jeune démarrait avec sa boite à outil de silex. Avec elle il couvrait tous ses besoins, de la cuisine à la chasse. Certains outils se cassaient régulièrement et nécessitaient d'être renouvellés. D'autres traversaient les années curieusement épargnés. Les veines de la pierre, bien pensées dans la matière, esquivaient les multiples chocs et altérations potentielles.

D'outils anonymes, la hâche, le couteau, le grattoire, gagnaient leurs lettres de noblesse avec le temps. Ils avaient accompagné leur auteur tant d'années pour tanner les peaux, gratter, fendre le bois, qu'ils devenaient comme un compagnon rassurant, un peu fétiche.

A chaque usage il se couvrait d'une noble patine. Celle d'heures de peine, où la sueur mariait subtilement la graisse humaine à la terre environnante. Au fil des ans, les angles de l'outil s'émoussaient, livrant de moins en moins d'aspérités susceptibles de le fragiliser.
L'objet devenait de plus en plus précieux et ouvrait naturellement, sans s'en rendre compte les portes de la Pierre Polie.

Ces premiers objets traversèrent les générations, si solides, porteurs d'émotions, de la mémoire du père au fils. D'un polissage partiel hier, l'objet devenait de plus en plus lisse au cours des usages, révélant le grain particulier, les mouvements de la pierre, la douceur du toucher.

La révolution d'un regard changea sans doute la destination de l'objet. Un artiste décela dans la matière un terrain d'investigation, d'expression, de résonance spirituelle. La pierre en devenant polie perdait son sens premier. Les hâches grandirent pour devenir votives. D'outils hier, elles se transformaient en oeuvres d'art involontaires, invitant à de nouveaux savoir-faire et sensualités.La pierre n'a pas d'âge. Comme cette technique ancestrale. Elle se rencontre aujourd'hui encore sur les terres de Papouasie Nouvelle Guinée comme ces quelques exemplaires en diorite verte ou basalte. Hâches remarquables dont la taille s'échelonne entre 17 à 35 cm, et enchantent le regard comme l'histoire du geste.

P.S. : la photo du haut reprend quelques hâches collectées en France, au Sahara, sur deux ou trois générations.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Belles photos, avec un intéressant jeu de perspective. Certaines hâches sont magnifiques.

Anonyme a dit…

Au détour de votre blog je découvre ces hâches votives de Papouasie. Cela m'offre un autre terrain de collecte.
Merci.