Le cheminement d'un collectionneur d'art Aborigène d'Australie de 2006 à 2015, ses découvertes, artistes favoris, expositions et chroniques.
dimanche 14 janvier 2007
Le Rêve du Lézard Diable : Kathleen Petyarre
Une oeuvre de Kathleen Petyarre dans le dernier style de l'artiste, d'un format de 137 x 137 cm. Cette composition avait été commanditée à la Galerie Australis sur le thème du rêve du lézard diable de la montagne (Mountain Devil Lizard Dreaming). Le travail accompli par l'artiste est assez marquant si l'on considère la combinaison des points posés un par un sur la toile, avec des effets de volume et de mouvement donnant un équilibre esthétique d'une grande modernité.
Ce rêve s'avère un des mythes privilégiés de Kathleen où sur la peinture les lieux prennent vie de façon complexe. Je parcourais il y a peu un ouvrage consacré à cette immense peintre du bush australien*. L'occasion de comprendre enfin la signification de certaines peintures et en particulier de ce Rêve du Lézard Diable. Quelques explications sur ce parcours initiatique, où certains details juste suggérés, méritent toute votre attention.
Direction le centre de la toile. A l'intersection des deux lignes croisées se trouvent un carré. La partie gauche de ce carré représente l'espace dédié aux rites des femmes (Women's business area). Tandis que la partie droite, haute et basse du carré représente quant à elles le lieu consacré à l'initiation des hommes.
En haut à droite du tableau sur la ligne finissant, se retrouve une femme âgée de la communauté Arnkerrth, accomplissant sa dance solitaire le long de ce chemin du Rêve. Un périple parmi les multiples qui existent en Australie, où la terre est cartographiée, maillée par de mutiples chemins chantés.
La même diagonale en bas à gauche du tableau représente the "Yam Dreaming". Un Rêve fertile de la défunte peintre Emily Kame Kngwarreye's dont Kathleen a hérité les droits, sorte de copyright transmis de génération en génération et permettant de perpétuer les Rêves. Sur ce chemin, ce Rêve se combine par ailleurs avec le pays d'Alhalker et plus loin celui du Rêve du Dingo.
Sur la deuxième diagonale, en haut à gauche, dans la partie plus sombre, comme un ciel étoilé, dans cette "langue" partant du centre du tableau, se retrouve l'important Rêve du Rockhole, primordial dans le pays pour les Arnkerrth, hérité du père et du grand père de Kathleen.
Toujours en suivant cette diagonale mais dans la partie en bas à droite du tableau, se retrouvent de nombreux hommes marchant en direction de Tennant Creek dans les pas du Rêve de l'Emu.
Le tableau prend vie. L'homme est omniprésent mais invisible. Comme effacé dans le respect de la nature, dans une sorte de communion avec elle.
La communauté d'Utopia respecte profondément Katleen Petyarre comme un grand maître, propriétaire de différents Rêves, et responsable de différents rites sacrés. Le monde de la peinture reconnait également en Kathleen une immense artiste. Ses oeuvres figurent dans de nombreuses collections à travers le monde.
(*) Genius of the place, Kathleen Petyarre, essays by Christine Nicholls and Ian North
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