mardi 2 août 2011

Lichens centenaires et invention humaine

© Lichen 2011, Alpes de Haute-Provence, 2600 mètres d'altitude

Au royaume de l'infiniment petit, les lichens des roches se distinguent en haute montagne. Leurs conquêtes sur la pierre s'expriment par de subtiles corolles aux teintes nuancées du gris au vert fluorescent.

Aux étages inférieurs, là où les arbres persistent encore, les lichens tissés accélèrent leurs avancées sur les écorces des rares mélèzes. Leur chevelure cendrée fixée aux branches progressent au rythme d'une vie humaine.
Tant que l'arbre échappe aux avalanches, courbé sous le poids de la neige, le lichen lui offre comme un feuillage d'hiver.

A l'inverse des lichens des cîmes, étendu sur une surface plane, le lichen arboricole adopte une structure libre digne des fractales.
Vue de plus loin, ils offrent des compositions douces et harmonieuses qui ne sont pas sans me rappeler les nuances des créations de la communauté aborigène d'Utopia : comme l'artiste Angelina Ngale Pwerle.

Les grands parfumeurs de l'ancienne Russie, comme Henri Brocard, transformaient le lichen de Sibérie en un composé fixatif aux essences presque minérales.
De grands peintres en firent des colorants pour leurs oeuvres.
Des civilisations, inventives en période de disette, l'inventaient de façon broyée en substitut à la levure...

A notre tour, ne pourrions nous pas lever les yeux et observer la croissance millimétrée des lichens ?

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