Le cheminement d'un collectionneur d'art Aborigène d'Australie de 2006 à 2015, ses découvertes, artistes favoris, expositions et chroniques.
mardi 4 mars 2008
Rêver et rencontrer Babylone...
Avant d'arriver à Babylone, notre imagination battait la chamade. Nous rêvions de ce nom mythique attaché à l'histoire du monde. Cette rencontre avec cette ville nous semblait presque improbable. C'était pour une partie d'entre nous, un peu comme si un des patriarches de la Bible se présentait devant nos yeux, dans un délire anachronique.
Des images habitaient notre pensée. Celles de tableaux anciens représentant la Tour de Babel. Celles merveilleuses, idéalisées, des jardins suspendus. Celles étranges, toutes pointées vers le ciel, des temples sacrés formant ziggourats.
Aller à Babylone, revenait également à conjuguer les mythes des illustres figures au pluriel. La mort du Grand Alexandre dans les murs de la ville, le 13 juin -323. Il avait 33 ans. La transformation de la Cité par l'inoubliable Nabuchodonosor, qui offrit au monde d'autres joyaux comme la porte d'Ishtar, aujourd'hui à Berlin...
Comme un livre maintes et maintes fois recommandé, nous prenions le risque de tant idéaliser le lieu... que la déception pourrait être au rendez-vous. Il n'en fut rien. Certes il ne reste de la Tour de Babel qu'un immense trou béant. Les Ziggourats ont fondu, éprouvées par l'humidité rongeant leurs briques crues d'argile. Les jardins suspendus furent peut-être construit dans la ville de Ninive, toute proche... Mais d'immenses champs laissent encore deviner les restes adoucis des murs de cette Cité d'exception.
Saddam Hussein fut inspiré par le lieu. Il reconstruisit une partie du palais avec des briques chiffrées à son nom, comme Nabuchodonosor en son temps avait osé inscrire "Moi, Nabuchodonosor j'ai réalisé ce qu'aucun roi n'avait jamais fait..." en lettres cunéiformes sur quelques murailles.
Saddam fit également édifier sur une colline dominant l'Euphrate et la Cité, un des palais dont il avait le secret, et qu'il multipliait aux points cardinaux de sa dictature. Nous n'avions pas l'autorisation de prendre ce cliché. Avec un zoom et quelques ruses j'essayais de saisir cet édifice moderne rompant avec le côté intouchable du lieu.
La luxuriance de la végétation contraste nettement avec le désert si proche et laisse entrevoir ce que fut cette ville hier, carrefour de cultures, de civilisations, à la richesse légendaire.
L'eau si proche avec l'Euphrate, indispensable à la vie conduisit également la ville à sa perte.
L'homme ne pouvait impunément arroser, et arroser encore pendant des siècles sur une terre brûlée par le soleil. L'évaporation laissait sur le sol de multiples sels minéraux. L'irrigation apportait l'eau mais ne lessivait pas la surface comme lors des crues en Egypte. En profondeur, de chlorures en chlorures, la terre devenait impropre à l'agriculture. Ce fut un lent déclin. Il pourrait inspirer des expériences d'irrigation menées aujourd'hui en Libye ou ailleurs.
Les chantiers de fouille restent considérables à Babylone. A la croisée des rues, nous trouvions encore en 1997, des briques portant des cartouches cunéiformes, des restes brisés des murailles en terre cuite vernissée, d'un bleu lapis-lazuli profond... Longtemps encore cette ville fera rêver les hommes. Comme cet après-midi, où nous lisions au bord de l'Euphrate les textes de l'ancien testament dédié à cette capitale. Des phrases si anciennes, presque poétiques, déconnectées du réel, prenaient vie sous nos pieds, enracinant cet ouvrage.
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