mercredi 24 octobre 2007

A la recherche de l'esthétisme chez les pasteurs Peuls

Dans les rues d'Agadez se croisent de nombreuses cultures. Cette ville est un véritable carrefour aux frontières du désert. Touaregs, Peuls ils sont nombreux à rejoindre cette Cité. Sécheresses et conflits les conduisent vers ces agglomérations, les invitent à abandonner les mers de sable, le nomadisme millénaire, le sentiment irremplaçable de la Liberté.

Sur les pas des maisons, aux carrefours, chacun offre quelques merveilles aux clients de passage. Silex taillés par les anciens. Bijoux en argent ou autres mélanges apparentés. Etoffes brodées.

Chez les Peuls, le sens de l'esthétisme est presque poussé à son paroxysme, tant chez les hommes que les femmes, avec un art de la séduction très développé. On peut d'ailleurs s'interroger sur l'origine de cette sensibilité en comparaison d'autres peuples nomades où celle-ci est bien moins affirmée.

A y regarder de plus près, durant des millénaires, ces peuples ont accompagné les troupeaux de buffles africains et furent marqués par la forme parfaite des cornes. Ils organisèrent ensuite la sélection des plus beaux spécimens. Sous le soleil, à contempler le troupeau durant les journées, ces sinuosités marquantes ont curieusement influencé la pensée et la culture de ces Peuls BoroBoro. Courbes des bois, courbes des corps, dessins subtiles des yeux, peintures de la peau, étoffes brodées... les animaux fétiches ont changé, nourri leurs codes esthétiques, durablement.

L'envergure des parures, déjà marquante aujourd'hui reste sans comparaison avec les buffles à la frontière du Néolithique. A cette époque une race noble s'éteignait dans ce que l'on appelle la période Bubaline. Les plus belles bêtes offraient des cornes de plus de 3m, s'envolant dans les airs. L'homme fut tout de suite séduit et grava dans la pierre la mémoire de ces rencontres et des cultes associés. Héritiers des grands pasteurs du désert, les Peuls d'aujourd'hui restent les témoins de ces époques, et ont érigé au rand d'art visuel les rites de maquillage et les danses complexes associées.

Magnifique photo venant du site KEL12.
Dans cette étoffe teintée d'un bleu profond indigo ci-dessus, on retrouve dans les motifs fins brodés, l'évocation des cornes par les jeux des croisillons, la trace des vaches dans la forme des sabots suggérés. L'animal est absent. C'est abstrait. Vibrant. Connecté à d'autres peuples nomades presque comme dans un langage universel.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et c'est dans des coins isolés, pas très connus ni cités qu'on trouve toujours les vraies merveilles...
Merci pour ce bel article, un apprentissage pour tout un peuple et un continent...

Bertrand a dit…

Hello,

Je n'en découvre qu'une infime partie. Voyages après voyages. Mais c'est à chaque fois avec enthousiasme. La culture et l'histoire de ces peuples démontrent toute la diversité et richesse d'un continent.

Bien amicalement,

Bertrand