mardi 26 décembre 2006

Une pierre comme sésame

Désert blanc l'hiver dernier. Cinq jours de marche. Vallée des champignons. Nous sommes au milieu du jour. Chacun recherche un peu d'ombre. C'est la sieste. L'endroit est magique, comme habité. Une invitation à découvrir le lieu. A rechercher quelques témoignages.

Nous passons deux heures à scruter les rides du sol, les pierres jonchées sur la surface. Du blanc immaculé des concrétions calcaires, au sable blond, les alternances picturales du sol sont pénétrantes.

La chaleur est accablante. Au loin, une pierre ronde se distingue et attire le regard. Une meule portative au grain si fin, patinée par un usage prolongé. Une présence s'affirme. L'endroit devient moins minéral, presque plus familié. L'objet révèle une présence. Jongle avec les sensations. Devient sésame pour traverser les siècles. Et comme un maillon vers d'autres témoins.
A quelques pas, apparait un magnifique couteau en silex taillé, jouant avec les veines de la pierre, sans hasard, dans une recherche presque artistique. Ce sont les seuls objets encore visibles. Au moment de rebrousser chemin, dans une matière noire, proche de l'obsidienne, une grande hache en silex taillé se détache du sable doré. Rien de polie pour l'instant. Nous sommes sans doute un peu avant le néolithique sur un lieu de campement provisoire.

L'homme a bien probalement commençé à moudre les grains collectés des années avant toute sédentarisation, il y a plus de 10 000 ans et les meules si petites permettaient d'apporter un complément alimentaire bien précieux aux nomades des lieux.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle merveille ce sera de t'accompagner dans le désert, toi l'érudit, toi le poète.
Le grand silence ne devrait plus nous apeurer.

Bertrand a dit…

Merci pour ce commentaire. A ce sujet, je me souviens d'une virée en Algérie près d'Essendilène. Je venais juste de rejoindre le groupe. Il avait pris les devants. Grand silence entre tous. Presque un peu gênant. Certains regardaient d'un côté ou de l'autre. Très spontanément je leur demandais : "Et bien quoi, vous vous êtes engueulés...". Sourire des membres du groupe. Le silence était d'or. Ils contemplaient tout simplement. ;-)