lundi 21 juin 2010

Linéarité complexe et résumé d'un paysage aborigène

© LUNGARUNG de Weaver Jack, 2006
152 x 152 cm, © Collection privée Brocard-Estrangin


with the courtesy of Short St Gallery, Broome
Avez-vous déjà observé du haut d'une dune de sable, le paysage au lointain, l'œil rivé au niveau du sol ? Cette opération un peu périlleuse en période de vent, offre un aperçu étrange de l'environnement. A perte de vue, sur une ligne de mire plate, différentes teintes alternent, s'additionnent, se superposent et s'alignent dans la perspective du point de fuite.

Certains peintres aborigènes comme Ronnie Tjampitjinpa déjà présenté ici sur le blog, utilisent ces stratagèmes pour construire des formes élaborées sur leurs toiles. Habilement ils posent leur tête dans le coin du châssis et observent le devenir de leur création, les mouvements à y impulser...

Les artistes aborigènes s'avèrent fameux dans la lecture et l'interprétation des paysages. Les formes sont épurés, le relief s'émousse sur une seul courbe de niveau. Une dune, l'orée de buissons de spinifex, un lac salé, des étendues d'eau comme la terre d'origine de Weaver Jack, se résumeront à l'alternance de simples lignes d'une couleur différente.

La toile raconte un territoire, un périple ancestral, une interprétation renouvelée des teintes du désert. L'ensemble dévoile l'audace de cette grande coloriste Aborigène et femme de loi respectée, dont les compositions inspirent également le jeune talent Daniel Walbidi.

dimanche 20 juin 2010

Atomisation, compulsion et structure magnétique


© Sonia Kurrara, Mangkaja Arts Fitzroy
180x90 cm
© Collection privée Brocard-Estrangin
Ma rencontre avec l'art aborigène fut le fruit du hasard. Un RDV manqué sur Amsterdam se tranforma en une visite de la ville d'Utrecht et de son beau musée l'AAMU. Depuis cette découverte en 2004, la puissance créatrice des artistes, leur capacité d'innovation, l'émergence de nouveaux talents nourrissent mon regard et une passion.

Il y a quelques semaines j'étais contacté par l'Art Gallery of Western Australia pour le prêt d'une toile du peintre Sonia Kurarra. Elle fait partie des 16 artistes sélectionnés pour le troisième
Western Australian Indigenous Art Awards dont l'exposition se tiendra 31 juillet au 3 janvier 2011.
Crise oblige, transport un peu compliqué, la toile restera finalement en Europe et évitera ainsi d'augmenter sa charge de CO2. Les aller-retour entre l'Australie et l'Europe ont quelques limites et tant de trésors restent certainement disponibles en Australie pour l'exposition.

A près de 60 ans, peignant depuis fort peu de temps, Sonia Kurarra s'avère de plus en plus recherchée par les conservateurs de musée en Australie. Il s'agit d'une figure montante de Mangkaja Fitzroy.
J'aime dans ses œuvres le côté "compulsif et expressionniste" souligné par Katie McGuire, coordinateur du centre d'art. Je reste marqué par ces touches déstructurées, presque atomisées. Elles prennent progressivement possession de la toile et y construisent une structure élaborée, presque magnétique.

Cette toile viendra compléter l'œuvre en lien ci-dessus et celle-ci présentée sur le blog quelques mois plus tôt...